Veuillez activer JavaScript |
En guise de bienvenue
Cette vingtième aventure, la quinzième pour
ce qui me concerne en tant que pilote, s'annonce comme un moment charnière
d'une histoire singulière.
Une histoire qui a vu le théâtre faire son nid sur ce territoire
de collines, de failles et de sous-bois. La greffe était contre-nature
dès le départ, et il est urgent qu'elle le reste.
Ce qu'il nous faut cultiver, c'est le plaisir renouvelé d'accueillir
des corps étrangers, des parasites qui démangent, des vents
lointains... autant d'incidents passagers et salutaires qui laissent, peut-être,
le goût de l'avenir.
Je n'ai jamais travaillé à savoir ce que voulaient les gens,
le public, à faire accepter, à rendre docile l'artiste et
le spectateur, et ce ne sera pas plus le cas cette année.
Je n'aime pas les thèmes que l'on s'impose pour donner une lisibilité
aux festivals, je les trouve souvent porteurs d'une cohérence factice,
superficielle. Je leur préfère l'affrontement des langues,
la cacophonie des désirs, la contradiction des formes.
Quelque chose, pourtant, donne à ce fatras esthétique qui
fait La Luzège depuis vingt ans une sorte d'âme, une sorte
de colonne vertébrale. C'est peut-être l'attention particulière
que portent tous ces artistes à entrer en conversation avec la communauté
des hommes, leur recherche éperdue d'une petite voix sensible dans
le tumulte du monde. Par le discours, par le regard, par le tremblement,
joyeusement ou gravement, classiques ou modernes, tout ceux là cherchent,
bâtissent, inventent... pour eux-mêmes et pour nous tous, et
ils le font au présent.
Voilà, s'il en est besoin, ce qui fait la cohérence de cette
vingtième édition comme des précédentes. Mais
après tout, faut-il être cohérent ? Je pourrais tout
aussi bien dire que j'aime ce que font ces artistes et que j'ai envie de
partager ça.
L'enjeu aujourd'hui n'est pas de durer, mais bien de naître encore et toujours.
Philippe Ponty
Directeur artistique de La Luzège
|