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En guise de bienvenue
Voici dix-neuf ans que La Luzège a pris racine dans l’été Limousin, que se réunirent de jeunes artistes et leurs grands frères en décentralisation, accompagnés de quelques élus en résistance face aux fatalités en vogue.
Dix-neuf ans que l’on y tente de ne pas faire rimer populaire avec facilité, ou encore que l’on veut générer ce rassemblement de plus en plus insolite qu’est la représentation théâtrale, autour de l’ambition artistique, autour de l’irascibilité du poète. La route est étroite, les errements probables, et les grâces y sont aussi intenses qu’inattendues. "Élitaire pour tous", aurait dit l’un des maîtres du 20ème siècle (A. Vitez), mais c’était il y a déjà longtemps. Poursuivre et préserver ce travail qui veut toujours explorer les échanges possibles autour de l’objet théâtral, est ce qui mobilise les forces de La Luzège depuis l’origine.
Et de la force il en faut, de la capacité d’utopie aussi, car les fossés se creusent entre des artistes qui finissent par accepter et justifier les salles désertées, et des publics à qui l’on finit par faire croire qu’il suffirait d’une bonne rigolade et d’en avoir pour son argent... Et d’entonner la ritournelle "surtout pas de prise de tête" ! Les termes de cette dernière transaction accouchent d’une rencontre mort-née, qui a plus à voir avec l’observation d’un rituel automatisé qu’avec un échange sensible entre humains consentants.
Il faut espérer que le spectacle continue de se revendiquer comme "vivant" c’est-à-dire léger, profond, imprévisible, poétique, politique, irrévérencieux, drôle, émouvant, dérangeant, mystérieux, déstabilisant, prophétique... Pour cela, il serait utile que chacun d’entre nous - publics, artistes et institutions - se sente concerné par ces questions et en responsabilité quant à leur évolution. Notre ambition ne serait-elle pas la floraison de citoyens éclairés, sensibles et sensés ? Cette route n’est peut-être pas celle qui fait de nous de bons et consensuels "coeurs de cible", craintifs de l’autre, rigolards jusqu’à l’oubli.
Des personnes, des lieux tentent chaque jour d’apporter des réponses originales, à l’écoute des réalités de chacun, tentent de sauvegarder ce fil ténu d’un art "partageable".La Luzège s’attache à rester un de ces lieux. Pour ce faire, elle s’associe autant que possible à des inventeurs-chercheurs-explorateurs. De ceux qui approfondissent et remettent en question leurs pratiques et leurs savoir-faire, de ceux qui fouillent, arpentent, s’émerveillent toujours de cet ouvrage recommencé.
Enfin bref...des artistes !
C’est ainsi, au regard de ces quelques intentions, qu’il faut accueillir et découvrir le contenu de cette édition du Festival de La Luzège. Ici, pas de thème, simplement une diversité qui s’appuie sur les principes contenus dans le projet artistique permanent de La Luzège.
L'installation durable des artistes en création.
Une présence importante des écritures d’aujourd’hui
aux côtés des oeuvres du patrimoine.
La prise en compte de la dimension Formation,
Apprentissage, "Entrée dans l’art".
Une attention particulière portée aux enfants,
spectateurs ou acteurs.
La musique, les musiques.
Un dialogue permanent avec le territoire.
L'altérité, encore l'altérité.Deux créations en résidence avec commandes d'écriture, deux présentations de travaux, un monologue singulier, une île et ses tempêtes, une alchimie poétique, trois merveilles d'aventure pour les enfants et leurs parents, des instruments insolites et leurs interprètes concepteurs, une vielle à roue intime, des vibrations tziganes, une improvisation photographique en mouvement, des apéro-concerts, des rencontres, un chapiteau restaurant ouvert à tous, seize lieux de représentation...
Voici le programme à découvrir au cours des quelques pages qui suivent.
Très bon festival,
Philippe Ponty
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